Date de publication du RFC : Juin 2002
Auteur(s) du RFC : J. Rosenberg (dynamicsoft), H. Schulzrinne (Columbia U.), G. Camarillo (Ericsson), A. Johnston (WorldCom), J. Peterson (Neustar), R. Sparks (dynamicsoft), M. Handley (ICIR), E. Schooler (AT&T)
Chemin des normes
Première rédaction de cet article le 8 avril 2006
Dernière mise à jour le 7 juin 2008
Le protocole SIP, que spécifie ce RFC, a bien des usages mais le plus connu est celui de permettre la téléphonie sur IP. SIP est une tentative de protocole standard, dans un monde où les solutions spécifiques et fermées sont les plus médiatisées.
SIP permet d'établir, modifier et terminer des sessions multimédia (en pratique, surtout de la téléphonie). Il est important de noter que SIP ne transporte pas lui-même les données multimédia : son seul travail est de gérer les sessions, de permettre à deux entités, les User Agent, de se recontrer et d'ouvrir la session où vont passer les données. Celles-si seront transportées par un autre protocole comme RTP (RFC 3550).
Avec près de 650 000 signes, soit 270 pages, notre RFC est un des plus gros. C'est que le multimédia est chose complexe et qu'il y a énormément de détails à préciser. Mais le principe est relativement simple : l'User Agent "cliente" contacte l'User Agent "serveur", celle-ci "sonne" l'utilisateur et, s'il est d'accord, il "décroche" et son User Agent accepte alors la session. En pratique, les User Agent sont des téléphones SIP ou bien des softphones, des applications comme WengoPhone (il est possible que l'objet téléphone disparaisse dans le futur, la téléphonie devenant juste une application informatique parmi d'autres).
Pour ce dialogue, SIP utilise des commandes texte, comme SMTP ou HTTP. On les voit ici lorsqu'on utilise la commande sipsak, très pratique pour tester SIP :
% sudo sipsak -v -v -s sip:beatrice@durand.fr [...] ** request ** OPTIONS sip:beatrice@durand.fr SIP/2.0 Via: SIP/2.0/UDP foobar.bortzmeyer.org:33196;rport From: sip:sipsak@foobar.bortzmeyer.org:33196;tag=3363661c To: sip:beatrice@sip.durand.fr Call-ID: 862152220@foobar.bortzmeyer.org CSeq: 1 OPTIONS Contact: sip:sipsak@foobar.bortzmeyer.org:33196 Content-Length: 0 Max-Forwards: 70 User-Agent: sipsak 0.8.11 Accept: text/plain message received: SIP/2.0 200 OK -- happy sipping to you asterisk Via: SIP/2.0/UDP foobar.bortzmeyer.org:33196;rport=33196;received=213.41.181.9 From: sip:sipsak@foobar.bortzmeyer.org:33196;tag=3363661c To: sip:beatrice@sip.durand.fr;tag=770257e1542af587787e4362acc86da0.7432 Call-ID: 862152220@foobar.bortzmeyer.org CSeq: 1 OPTIONS Content-Length: 0 ** reply received after 82.232 ms ** SIP/2.0 200 OK -- happy sipping to you asterisk final received
sipsak a utilisé OPTIONS, qui sert surtout au débogage ou bien à découvrir les capacités de l'User Agent d'en face, mais il y a aussi INVITE, BYE, etc. La réponse favorable identifiée par le nombre 200 ne surprendra pas les connaisseurs d'HTTP.
Vous avez peut-être également noté que les adresses SIP sont des
URI. Ces URI sont décrites dans la section 19
de notre RFC (c'est un autre RFC, le RFC 3263, qui décrit en
détail comment trouver un User Agent SIP à partir de son nom, par exemple en
utilisant les enregistrements DNS
SRV). Finis les numéros de téléphone peu
pratiques à mémoriser, demain, pour la téléphonie comme pour le reste
des applications Internet, on utilisera un nom de
domaine et on pourra dire « Appelle-moi au
sip:alain@voip.wengo.fr
. ».
Fréquemment, les User Agent ne connaissent pas leur nom : si je veux appeler quelqu'un, je ne sais pas derrière quel ordinateur il est. SIP permet donc d'utiliser un mandataire (proxy). Ceux-ci sont typiquement gérés par des fournisseurs de service et fournissent d'autres services, par exemple de passerelle avec le réseau téléphonique classique. Ainsi, Wengo est un tel fournisseur.
Le mandataire doit bien, lui, savoir quel est le nom actuel de l'User Agent du destinataire. Pour que cela soit possible, celui qui veut recevoir des appels doit joindre un registrar (en pratique, c'est typiquement le même service que le mandataire) et utiliser la commande SIP REGISTER pour indiquer sa localisation actuelle.
Comme le flux de données RTP doit pouvoir attendre la machine appelante, les NAT sont une des principales sources de problème pour SIP. La plupart des applications SIP utilisent STUN (RFC 3489) pour percer un trou dans le routeur NAT et permettre l'entrée des données.
Parmi les textes parlant de SIP en français, on peut consulter par exemple un projet d'étudiants de l'Université d'Avignon avec beaucoup de documentations.
SIP est aujourd'hui mis en œuvre dans plusieurs logiciels libres. Le programme SIP Communicator peut ainsi lancer et recevoir des appels via SIP. Le programme Asterisk est un auto-commutateur téléphonique tournant sur Unix et capable de faire du SIP. De nombreux autres logiciels SIP existent comme Twinkle ou Linphone.
Pour l'instant, SIP semble moins utilisé que ses concurrents fermés (et moins que la téléphonie classique). Mais cela peut changer dans le futur, au fur et à mesure que les utilisateurs comprennent les dangers qu'il y a à dépendre d'un seul fournisseur, utilisant un protocole non-standard et des logiciels dont on ne sait pas ce qu'ils font avec vos échanges téléphoniques. Là, SIP sera bien placé pour les remplacer.
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