Date de publication du RFC : Octobre 2010
Auteur(s) du RFC : M. Nottingham
Chemin des normes
Première rédaction de cet article le 29 octobre 2010
Le lien est à la base du Web. Mais, malgré plusieurs tentatives, deux choses manquaient aux liens Web que ce RFC est venu combler :
Il a depuis été remplacé par le RFC 8288.
Bien sûr, des formats normalisés qui permettent des liens, il y en a
plusieurs, et avant tout HTML, avec le fameux
élément <A>
(pour
anchor). Il y a aussi le plus récent
Atom (RFC 4287, notamment
la section 4.2.7). Comme HTML, Atom avait l'idée de registre
des types de liens, mais ces types étaient spécifiques à Atom. L'une
des idées phares de ce RFC 5988 est de
généraliser le concept de type de lien et de le rendre accessible à
tous les formats et protocoles qui en ont besoin. Ce RFC
décrit un cadre général pour les types de liens, en partant de celui
d'Atom.
Second apport de cette nouvelle norme, une (re-)définition de
l'en-tête HTTP Link:
,
utilisant évidemment le nouveau cadre général. Cet en-tête permettant
d'indiquer un lien dans la réponse HTTP, indépendamment du document
servi avait été normalisé dans le RFC 2068, section 19.6.2.4,
puis, peu utilisé, avait été supprimé par le RFC 2616, avant de faire se
réapparition ici, sous une forme quasi-identique à l'original. On peut
voir cet en-tête comme une représentation concrète du cadre de notre
RFC. D'autres apparaîtront sans doute.
Pour un exemple réel, regardez les en-têtes
Link:
de mon blog, il y en a un de type
licence
, suivant le RFC 4946. Avec Apache, cela se configure
simplement avec le module headers
et la
directive Header set Link "<http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html>; rel=\"license\"; title=\"GFDL\""
.
Donc, qu'est-ce qu'un lien ? La section 3, la principale du RFC, le définit comme une connexion typée entre deux ressources (une ressource étant typiquement une page Web). Les ressources sont représentées par leur IRI (cf. RFC 3987, en notant que, dans la plupart des cas, les IRI des liens seront des URI). Le lien comprend :
Par exemple, dans le flux de syndication
Atom de mon blog, on trouvera un lien
<atom:link rel="alternate"
href="http://www.bortzmeyer.org/expose-go.html"/>
qui se décompose
en un contexte (l'entrée Atom dont l'IRI est
tag:bortzmeyer.org,2006-02:Blog/expose-go
), un
type (alternate
, qui indique une version
alternative de la ressource, ici une page HTML au lieu d'une entrée
Atom), et une cible (ici http://www.bortzmeyer.org/expose-go.html
). Il n'y a pas dans
cet exemple
d'attributs de la cible mais Atom en permet (par exemple
hfrelang
pour indiquer la langue de la cible ou bien
length
pour indiquer sa longueur - afin de
prévenir d'un long téléchargement, par exemple).
Cette définition du lien ne place aucune limite sur la cardinalité. Il peut y avoir zéro, un ou plusieurs liens partant d'une ressource et c'est la même chose pour les lients entrants.
La section 3 s'arrête là. Puisque ce RFC propose un cadre générale, il ne formalise pas une syntaxe unique pour représenter les liens. Chaque format, chaque protocole, aura la sienne.
Un des points les plus importants de cette définition des liens, et
qui est souvent ignorée des gens qui écrivent des pages Web, est la
notion de type d'un lien (section 4). Par exemple, on
pourrait imaginer un type copyright qui
associerait, via un lien, un document à l'auteur de
celui-ci. Point à retenir : ce type du lien ne doit pas être confondu
avec le type de médium du RFC 6838 comme
text/html
ou audio/ogg
.
Il y a deux sortes de type de lien : enregistrés ou bien
extensions. Les premiers font l'objet de la section 4.1. Ils ont fait
l'objet d'un processus formel d'enregistrement (qui a été discuté jusqu'au dernier moment) et leur liste est
publiée sous forme d'un registre IANA. On
y trouve par exemple via
(RFC 4287) ou
hub
(http://pubsubhubbub.googlecode.com
).
Les extensions sont spécifiées dans la section 4.2. L'idée est que,
si on n'a pas envie de se fatiguer à enregistrer un type de lien, et
qu'on veut quand même créer un type unique,
n'ayant pas de risque de collision avec le travail des autres, on peut
simplement se servir d'un URI (forcément unique) pour indiquer le
type. Cette URI peut (mais ce n'est pas obligé) mener à une page Web
qui décrira le type en question. Ainsi, on pourrait imaginer de
réécrire le lien plus haut en <atom:link rel="http://www.bortzmeyer.org/reg/my-link-type"
href="http://www.bortzmeyer.org/expose-go.html"/>
(en pratique, le format Atom ne
permet pas actuellement de telles valeurs pour l'attribut rel
.)
Après le cadre général de description des liens, notre RFC
introduit une syntaxe concrète pour le cas de l'en-tête
Link:
des requêtes HTTP. Les autres formats et
protocoles devront s'ajuster à ce cadre chacun de son côté. Pour
HTTP, la section 5 décrit l'en-tête Link:
. La
cible doit être un URI (et un éventuel IRI doit donc être transformé
en URI), le contexte (l'origine) est la ressource qui avait été
demandée en HTTP et le type est indiqué dans le paramètre
rel
. (Le paramètre rev
qui
avait été utilisé dans des vieilles versions est officiellement
abandonné.) Plusieurs attributs sont possibles comme
hreflang
, type
(qui est le
type MIME, pas le type du lien) ou title
(qui peut
être noté title*
s'il utilise les en-têtes
étendus du RFC 5987). Pour la plupart de ces
attributs, leur valeur est juste une indication, la vraie valeur sera
obtenue en accédant à la ressource cible. Ainsi,
hreflang
dans le lien ne remplace pas
Content-Language:
dans la réponse et
type
ne gagnera pas si un
Content-Type:
différent est indiqué dans la
réponse.
Voici des exemples d'en-têtes, tirés de la section 5.5 du RFC :
Link: <http://www.example.com/MyBook/chapter2> rel="previous"; title="Previous chapter"
Ici, cet en-tête, dans une réponse HTTP, indique que
http://www.example.com/MyBook/chapter2
est une
ressource liée à la ressource qu'on vient de récupérer et que ce lien
est de type previous
, donc précède la ressource
actuelle dans l'ordre de lecture. L'attribut
title
indique un titre relatif, alors que la
vraie ressource
http://www.example.com/MyBook/chapter2
aura
probablement un titre du genre « Chapitre 2 ». En application des
règles de la section 5.4, c'est ce dernier titre qui gagnera au
final.
Un seul en-tête Link:
peut indiquer plusieurs
liens, comme dans l'exemple suivant :
Link: </TheBook/chapter2>; rel="previous"; title*=UTF-8'de'letztes%20Kapitel, </TheBook/chapter4>; rel="next"; title*=UTF-8'de'n%c3%a4chstes%20Kapitel
Ce dernier montre également les en-têtes complètement
internationalisés du RFC 5987, ici en
allemand (étiquette de langue de
).
Cet en-tête a été enregistré à l'IANA, en application du RFC 3864 dans le registre des en-têtes (section 6.1).
D'autre part, le registre des types de liens est désormais officiellement créé, remplaçant des registres qui étaient spécifiques à un format ou protocole (comme celui d'Atom, qui avait été créé par le RFC 4287). La section 6.2 décrit en détail ce nouveau registre. Voici, à titre d'exemple, quelques-uns des valeurs qu'on peut y trouver :
copyright
qui indique
le copyright du document (issu de la norme HTML),edit
qui indique l'URI à utiliser pour une
modification de ce document, comme le permet le protocole
APP (RFC 5023),first
, qui pointe vers le premier document
de la série (défini par ce RFC 5988, même s'il était déjà enregistré),hub
qui indique l'endroit où s'abonner pour
des notifications ultérieures, suivant le protocole
PubSubHubbub),latest-version
qui indique où trouver la
dernière version d'un document versionné (RFC 5829),licence
, qui associe un document à sa
licence d'utilisation (RFC 4946),next-archive
, qui indique le document
archivé suivant (RFC 5005),related
, qui indique un document qui a un
rapport avec celui-ci (créé pour Atom, dans le RFC 4287),replies
, qui indique les réponses faites à
ce document (pour mettre en œuvre le
threading, RFC 4685),Ce registre est peuplé par le mécanisme dit Designated
Expert (cf. RFC 5226), avec exigence
d'une norme écrite (l'actuel expert est Mark Nottingham, auteur de
plusieurs RFC, dont celui-ci). Pour chaque type, il faudra indiquer le type (aussi nommé
relation, comme par exemple previous
plus haut), une
description et une référence à la norme qui le formalise. Les demandes
d'enregistrement sont reçues par link-relations@ietf.org
. Par
exemple, en novembre 2010, des relations comme search
ou
help
(lien vers une aide en ligne) ont été ajoutées.
Attention, ce n'est pas parce qu'il y a un lien qu'il faut le suivre automatiquement. La section 7, sur la sécurité, met en garde contre la confiance accordée à un lien.
L'annexe A contient une discussion de l'utilisation des liens avec
HTML 4, d'où le cadre actuel de définition des liens est issu. Le type
y est indiqué par l'attribut rel
. Un exemple
indiquant la licence en XHTML est donc :
<link rel="license" type="text/html" title="GFDL in HTML format" href="http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html"/>
L'annexe B
discute, elle, de l'utilisation du cadre de définition des liens en
Atom, qui utilise l'élément
<atom:link>
avec les attributs
href
pour indiquer la cible et
rel
pour le type. Par exemple,
<atom:link rel="license" type="text/html"
title="GFDL in HTML format"
href="http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html"/>
indiquera
la licence du flux Atom qui contient cet élément (et, oui, Atom et
XHTML ont quasiment la même syntaxe).
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