Première rédaction de cet article le 13 décembre 2018
Dernière mise à jour le 31 mars 2019
Les 11 et 12 décembre 2018, à Paris (enfin, à Montrouge), s'est tenue une édition des API Days, conférence consacrée aux API. J'y ai parlé (en anglais) d'Internet et de ses rapports avec les droits humains.
Globalement, API days verse un peu trop dans le techno-optimisme et la cyber-béatitude : les API vont sauver le monde, la société va devenir « programmable », l'Estonie est le modèle (comme l'était l'URSS pour les communistes, l'Estonie est toujours présentée comme modèle par les startupeurs et les partisans du E-nimportequoi). Les orateurs sont heureux, actifs, ont des titres rigolos (API evangelist…), ont un sourire de publicité pour dentifrice, et répètent en boucle que tout est amazing.
Heureusement, il y a quelques séances moins consensuelles. J'ai particulièrement apprécié la keynote de fin par Jean-Marc Jancovici, sur l'énergie et le climat. Jancovici est un remarquable conférencier, très amateur de petites phrases qui claquent, et illustre son exposé de nombreux chiffres et diagrammes. Il a démoli l'idée qu'on pourrait éviter ou limiter le changement climatique avec juste quelques mesurettes, comme aiment annoncer certaines entreprises du secteur de l'informatique. Notre dépendance aux énergies fossiles, et à des matériaux rares comme l'indium est profondément enracinée et changer les choses va nécessiter des sacrifices douloureux (l'alternative étant une crise climatique grave, avec guerres, on voit que le conférencier était un optimiste). Les machines sont tellement utiles et tellement puissantes, qu'à part des mesures brutales et immorales, comme de rétablir l'esclavage (et encore : les esclaves sont beaucoup moins productifs que les machines), la limitation du réchauffement planétaire va être difficile. (L'orateur ne croit pas aux énergies renouvelables, très insuffisantes par rapport à la demande. Elles sont réalistes - après tout, l'humanité a vécu pendant la plus grande partie de l'histoire en ne consommant que des ressources renouvelables - mais pas adaptées à notre mode de vie.)
Jancovici a aussi démoli la théorie cyber-optimiste comme quoi l'informatique pourrait aider à lutter contre le changement climatique, par exemple par une meilleure allocation des ressources. C'est le contraire qui est vrai : l'informatique, outre sa consommation propre, qui n'est pas nulle, permet une plus grande consommation de ressources non-renouvelables. Ainsi, en permettant un trafic aérien intense, elle contribue à un secteur, le transport, qui est un des plus gros responsables de l'émission de gaz à effet de serre. Jancovici a estimé qu'au contraire, il allait falloir réduire les usages, changer moins souvent d'ordiphone, et ne pas déployer certaines technologies gaspilleuses comme la 5G.
Mon exposé était nettement plus banal, il portait sur les rapports entre l'Internet et les droits humains. Les supports sont en anglais. Voici la version PDF, et le source en LaTeX. Tout a été filmé et est disponible sur le site Web d'API days et sur YouTube.
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