Première rédaction de cet article le 9 mars 2010
L'école, c'est très bien lorsqu'on est bon élève. Mais lorsqu'on est cancre ? C'est ce qui est arrivé à l'écrivain Daniel Pennac et c'est cette horrible expérience qu'il raconte dans « Chagrin d'école », mi-récit autobiographique, mi-recueil décousu d'anecdotes et de réflexions sur l'école.
L'auteur de « Monsieur Malaussène » (note au passage : je recommande fortement à tous mes lecteurs les romans de Pennac ; et, pour vos enfants, sa série « Kamo ») n'a pas apprécié d'être cancre et il a dû attendre longtemps avant de pouvoir le raconter dans ce livre. Le cancre n'est pas un paresseux, ni un j'men foutiste. Il souffre et l'école n'est pour lui qu'une suite de chagrins.
Qu'est-ce qui fait qu'on est cancre ? Pennac ne donne pas de raison particulière, peut-être n'y en a t-il pas qu'une seule. Les statistiques montrent clairement que les mauvais résultats vont bien avec les familles déglinguées, avec la pauvreté, avec la distance culturelle et sociale vis-à-vis de l'institution. Mais les statistiques ne décrivent pas tous les cas individuels. Un enfant qui cumule les malchances peut quand même réussir (et être présenté dans les médias comme la preuve que chacun peut s'en sortir, s'il travaille bien à l'école). Et un enfant qui a, a priori, des conditions assez favorables, comme Pennac, peut être un cancre, un vrai, un qui ne comprend rien, à qui les profs exaspérés disent « Vous le faites exprès ».
Comment s'en est-il sorti ? Pas de recettes magiques dans ce livre (contrairement à la plupart des ouvrages pontifiants sur l'éducation). Des profs remarquables, qui n'ont pas baissé les bras et fini par établir le contact avec le mauvais élève, sont, selon Pennac, la principale chance de secours pour le cancre.
Pennac ne propose pas la Nième réforme de l'Éducation Nationale, et ne passe pas de temps à se plaindre de la méthode globale, des jeunes d'aujourd'hui, ou bien de Mai 68. (Il se plaint quand même un peu des écrans, comme celui devant lequel vous me lisez en ce moment, et de la société de consommation.) Mais il propose que les profs cultivent une qualité simple (je vous laisse lire le livre, c'est expliqué tout à la fin). Et qu'ils reçoivent des « cours d'ignorance » car, tant que la grande majorité des enseignants sera recrutée parmi les bons élèves, ils auront du mal à vraiment comprendre les cancres.
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