Première rédaction de cet article le 12 janvier 2007
L'échec (qui était prévisible) du projet Quaero est l'occasion de revenir sur la « question Google ». Si on est inquiet, comme je le suis, de la domination d'un quasi-unique moteur de recherche, faut-il chercher à concurrencer Google de front ou bien à faire différemment ?
Le 22 décembre 2006, l'annonce du retrait des partenaires allemands a marqué la fin du projet Quaero. Le projet était clairement mal parti. Comme je l'avais écrit en février 2006, Quaero avait toutes les caractéristiques des éléphants blancs que le monarque lance selon son bon vouloir puis abandonne discrètement, une fois l'argent public dépensé en vain. (Loïc le Meur avait écrit à peu près la même chose.)
Mais cette fin piteuse ne règle pas le problème. Aujourd'hui, un moteur de recherche états-unien, Google dispose d'un presque-monopole sur la recherche sur Internet. Beaucoup d'internautes ignorant l'utilisation des URL, il est même utilisé comme moyen d'accès unique à l'information. Cela a de quoi inquiéter, même dans son pays natal. Il est curieux que tant de gens se déchaînent contre le presque-monopole de Microsoft sur les systèmes d'exploitation ou bien sur celui de l'ICANN sur la gestion de la racine du DNS mais que Google soit largement épargné par ces critiques. Est-ce parce que les critiques potentiels ne savent pas eux-même se débrouiller sans Google ?
Existe t-il des alternatives ? Oui (tiens, cela me rappelle que je n'ai pas encore choisi un moteur de recherche pour ce blog), Exalead, Gigablast, Yahoo, etc. Notons tout de suite que tous sont très en retard sur Google, aussi bien sur le nombre de pages indexées (les pages rares ou marginales ne sont indexées que par Google) que sur le temps de réponse ou la qualité de l'interface (même si certains, comme Exalead, ont des innovations intéressantes).
On lit parfois en France des appels à intervenir de manière volontariste pour susciter des alternatives plus crédibles. Le problème est que le fiasco Quaero a bien montré qu'il ne suffit pas de mouvements du menton et d'entonner la Marseillaise pour concurrencer Google : disposant d'un budget énorme et de vastes compétences, Google ne peut sans doute pas être attaqué de front.
La meilleure solution serait sans doute plus tôt de faire les choses différemment. Une des principales critiques que j'adresserai à Quaero serait qu'il n'avait jamais été envisagé de faire des choix radicalement différents de ceux de Google. Utiliser du logiciel libre ? Impliquer les internautes, comme pour le projet de Wikia ou pour Majestic 12 ? Quaero n'avait rien promis de tel.
Il est temps de penser différemment. Compte-tenu du succès des sites gérés par les internautes comme Wikipédia, je pense qu'on pourra bientôt voir des alternatives intéressantes à Google mais qui ne le copieront pas... et qui ne bénéficieront pas, gageons-en, d'importantes subventions étatiques.
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