Auteur(s) du livre : Xavier Carcelle
Éditeur : Eyrolles
978-2-212-11930-5
Publié en 2006
Première rédaction de cet article le 2 février 2010
Il existe peu de livres sur les CPL et je crois que celui-ci est le seul en français (une bibliographie des équivalents en anglais figure à la fin de l'ouvrage). Cette technique est en général sous-estimée et beaucoup de déploiements de réseaux locaux ou distants ne l'envisagent même pas. Pourtant, elle a de nombreuses propriétés intéressantes. (J'ai décrit mon utilisation dans « CPL (Courants porteurs en ligne) à la maison ».)
Comprendre les CPL nécessite des compétences
en électricité, en
informatique et en
réseaux. Ce livre a donc un vaste champ à
couvrir. Je vais commencer par ce qui est le moins bien couvert : la
partie sur la configuration d'IP est faible (chapitres 10 et 11), surtout composée de copies
d'écran (qui permettent de remplir les pages à bon marché). Même les
commandes tapées dans un xterm sont montrées
sous forme de copie d'écran, intéressant paradoxe. Cette
partie « réseaux »
contient des archaïsmes étonnants pour un livre récent (comme la
discussion des classes,
supprimées onze ans avant la parution du livre, ou comme la commande
ipchains
de Linux,
complètement remplacée par iptables
depuis belle
lurette). Par contre, IPv6, technologie stable
depuis longtemps, ne fait l'objet d'aucune mention, alors qu'elle est
particulièrement utile dans le cas des réseaux domestiques, où on a
plusieurs objets à connecter et jamais assez d'adresses IPv4.
D'un autre côté, j'ai apprécié que l'auteur fasse un effort pour ne pas parler uniquement de MS-Windows, comme tant de livres « pour les nuls ». Il y a même une discussion de la configuration d'un réseau sur FreeBSD, ce qui est rare pour un ouvrage destiné à un public assez large. Mais, globalement, toutes les parties du livres consacrées à IP donnent l'impression que l'éditeur a demandé qu'on en parle, mais que l'auteur n'était pas le plus à l'aise sur ce sujet.
Et sur l'électricité ? Étant plutôt rouillé sur ce sujet, mes cours de physique étant assez lointains, j'espérais une révision mais j'ai été un peu déçu. Le livre suppose qu'on s'y connait déjà en électricité et qu'on n'a pas besoin de se faire expliquer trop longuement l'impédance ou la capacité (chapitres 2 et 8).
Une des difficultés qui se dressent sur le chemin de l'auteur d'un livre sur les CPL est que le domaine est peu normalisé (chapitre 1). S'il existe un consortium industriel nommé Homeplug qui édicte des spécifications de base pour les CPL domestiques, il n'y a pour l'instant aucune norme réelle (produite par exemple par l'IEEE). Résultat, l'auteur est souvent obligé de présenter des techniques spécifiques à un constructeur. Mais il a fait l'effort de ne privilégier aucun constructeur et de bien préciser ce qui est « standard » et ce qui ne l'est pas.
Par exemple, même avec Homeplug, la configuration des adaptateurs est entièrement faite par des protocoles non-standard. Il existe toutefois des interfaces communes qui commencent à émerger et c'est dans ce livre (chapitre 9) que j'ai appris l'existence de l'excellent outil plconfig qui marche bien sur ma Debian :
% plconfig -r eth1 - Parameters and Statistics response from 00:0c:b9:09:b7:ed Tx ACK Counter: 45547 Tx NACK Counter: 18848 Tx FAIL Counter: 5 Tx Contention Loss Counter: 33611 Tx Collision Counter: 13485 Tx CA3 Latency Counter: 3463 Tx CA2 Latency Counter: 34789 Tx CA1 Latency Counter: 4109 Tx CA0 Latency Counter: 0 Rx Cumul. Bytes per 40-symbol Packet Counter: 13628962 ...
Pour les explications des compteurs, la meilleure source que j'ai
trouvée en ligne est la MIB de Homeplug
(même si on n'utilise pas SNMP).
L'adresse MAC indiquée au début (ici,
00:0c:b9:09:b7:ed
), indique l'adaptateur en
question. Cette adresse est souvent imprimée sur ledit adaptateur et,
si ce n'est pas le cas, il faut faire des essais (débrancher les
adaptateurs un à un en lançant plconfig -r
jusqu'à les avoir tous identifiés). Ses premiers chiffres indiquent le
fabricant. 00:08:ed
est une puce
Motorola (utilisée chez
CMM), 00:0c:b9
une
Lea et 00:30:0a
une
Aztec (utilisée par Bewan).
La partie « couche 2 » est bien meilleure
(chapitres 3 et 5), avec une intéressante discussion des différents
modes de communication entre adaptateurs CPL (du pair-à-pair de
Homeplug au mode maître-esclave),
et une présentation détaillée les mécanismes d'accès au réseau
(CSMA/CA, dont il oublie toutefois de noter que
c'est un terme marketing : il y a aussi des collisions en CSMA/CA,
voir le compteur Tx Collision Counter plus haut, et
la variable transmitCollisionCounter
de la MIB).
J'ai aussi apprécié la section sur le rayonnement radio des CPL (chapitre 8) ou bien le chapitre 12 sur la création d'un réseau CPL pour une collectivité locale, même si ce dernier restera purement théorique pour moi.
Du fait de l'intérêt des technologies CPL, et du petit nombre de documents existants, je ne regrette pas d'avoir acheté ce livre et je remercie l'auteur pour l'effort qu'il a fait pour diffuser de l'information sur une technique peu connue. Mais je pense quand même qu'il reste de la place pour un livre plus pédagogique.
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