Première rédaction de cet article le 25 juin 2013
Lorsqu'on parle de fracture numérique en Afrique, on pense souvent à l'absence de connectivité Internet dans certains endroits. Mais, une fois que le réseau marche, la fracture n'est pas réparée. Il reste le problème de la qualité et notamment de la fiabilité de ce réseau. Une supervision automatique de la connectivité de l'Université de Yaoundé montre l'ampleur du problème.
Le phénomène n'est pas forcément bien connu car il y a peu de supervision réseau en Afrique (encore un effet de la fracture numérique). C'est ainsi qu'il n'y a que 17 sondes Atlas opérationnelles en Afrique (sur 3 358 aujourd'hui). L'une d'elles est située à l'Université de Yaoundé et est supervisée automatiquement depuis une sonde Icinga en France. La dite sonde est bien connectée et ne voit pas de problème avec d'autres destinations. (Détail technique : la sonde a une adresse IP privée et c'est en fait le routeur NAT qu'on supervise.)
Pour éviter des alarmes permanentes (la plaie des systèmes de supervision, qui fait qu'on en vient souvent à ne plus prêter attention aux alarmes), j'ai dû mettre des paramètres extrêmement laxistes. La configuration Icinga est :
define service{ use generic-service host_name yaounde service_description PING4 # L'Afrique est loin... check_command check_ping4!400.0,50%!700.0,65% }
C'est à dire qu'on ne passe en état WARNING
que
si le RTT dépasse 400 ms ou si le taux de
pertes dépasse 50 %. Et en état CRITICAL
uniquement si on a > 700 ms de RTT ou > 65 % de pertes... Malgré
ces valeurs fort tolérantes, le journal
d'Icinga montre plein de problèmes :
[1372069221] SERVICE ALERT: yaounde;PING4;CRITICAL;SOFT;1;PING CRITICAL - Packet loss = 70%, RTA = 165.12 ms [1372074141] SERVICE ALERT: yaounde;PING4;WARNING;SOFT;1;PING WARNING - Packet loss = 60%, RTA = 164.65 ms [1372076061] SERVICE ALERT: yaounde;PING4;WARNING;SOFT;1;PING WARNING - Packet loss = 60%, RTA = 164.53 ms
Et le joli graphique des tendances d'Icinga (sur le dernier mois) contient bien trop de rouge :
J'ai donc dû arrêter la supervision de cette machine : trop d'alarmes tue l'alarme. Mais, la prochaine fois que vous entendrez parler de fracture numérique en Afrique, pensez aux conditions d'accès réelles (et dans la capitale, pas au fin fond de la brousse), et pas aux jolies images publicitaires d'un Africain heureux avec son nouveau téléphone portable.
Version PDF de cette page (mais vous pouvez aussi imprimer depuis votre navigateur, il y a une feuille de style prévue pour cela)
Source XML de cette page (cette page est distribuée sous les termes de la licence GFDL)