C'était bien un atelier et pas un cours magistral. Les
participant·es utilisaient les PC pré-configurés et installés de la
salle, ou bien leur propre ordinateur portable qu'ielles avaient
apporté, je leur donnais l'URL de l'atelier
et je répondais aux questions, c'est tout. Le support contenait
quelques indications, des liens vers des documentations, les exercices
et une solution proposée. Ce système, à l'usage, me semble avoir très
bien marché, notamment parce qu'il permettait à chacun·e d'avancer à
son rythme (les niveaux en programmation
étaient très différents), sans être frustré·e par un cours trop lent
ou trop rapide.
Le support de
l'atelier. Notez qu'il est évidemment bien trop long pour les
deux heures de l'atelier, le but était que les participant·es
puissent continuer par eux et elles-mêmes ensuite.
Merci aux organisateurices des JDLL pour un évènement toujours
passionnant, et aux participant·es de mon atelier pour leur
enthousiasme. Parmi les autres sujets que j'ai noté aux JDLL :
- Une très intéressante conférence de l'association InfoClimat,
l'OpenStreetMap des
données météorologiques. Ils récoltent des
données météo un peu partout, en partie de leurs propres stations
(1 000 € pour une station météo sérieuse), en partie de stations
gérées par d'autres (mais pas de
Météo-France, qui ne donne pas grand'chose,
au contraire) et publient le tout librement. Activité évidemment
très utile vu l'importance de la météo. En outre, ils ne font pas
que publier des données brutes mais fournissent également des
logiciels pour les manipuler. Et il y a une base
de photos météo. Leur exposé ne portait pas que sur le
résultat de leur activité mais aussi sur les conditions du
processus de production des données. Il faut notamment gérer des
humains. Comment faire avec un bénévole qui avait installé une
station dans un coin où il y avait peu de données mais qui, tout à
coup, la déplace à l'ombre, faussant les mesures ? Diplomatie et
pédagogie sont nécessaires. Ils ont beaucoup insisté sur le fait
que le qualité des mesures est plus importante que leur
quantité. Une station avec des instruments grand public, ou bien
placée près d'arbres dont le feuillage, en dehors de l'hiver, gène
les mesures, ne sert pas à grand'chose. Ils ont maintenant un peu
d'argent et vont embaucher leur premier
permanent, notamment pour s'occuper du logiciel (pas
distribué publiquement car trop… trop illisible). Un excellent
article de NextInpact détaille les activités de
l'association, ainsi qu'un article
sur le Framablog.
- Une autre conférence passionnante de l'UCL sur
les rapports entre le librisme et le courant
libertaire. Leur conférence a couvert plein
de sujets comme l'achat de publicité ciblée sur Facebook pour un
parti politique, ou comme le problème de la présence en ligne pour des
organisations libertaires. Si une seule personne a le mot de passe
du WordPress, est-ce bien conforme aux
principes d'horizontalité et d'action collective ? Si on choisit
de s'auto-héberger plutôt que d'aller chez les GAFA, est-ce qu'on n'accroit pas
la verticalité puisque peu de gens dans l'organisation auront les
compétences nécessaires ?
- Plus technique, il y a eu une excellente présentation de
l'association 42l sur leurs
serveurs et comment ils fonctionnent. 42l est un CHATON et gère quelques
services, parfois publics, parfois réservés aux adhérents, sur
deux VPS (l'association n'a pas encore le
moyen d'avoir ses propres locaux avec ses machines dedans). Il y a
entre autres un service DoH et un service Nitter (qui a un trafic nettement
supérieur à celui de DoH). Chaque service est dans son propre
conteneur Docker. Le service le plus gourmand en
temps humain est le raccourcisseur de liens, en raison de liens de
hameçonnage, qu'il faut
supprimer.
- L'équipe de l'Établi numérique a parlé de l'accompagnement
émancipateur au numérique. L'idée de base est qu'il ne suffit pas
d'être compétent et techniquement correct quand on accompagne des
personnes au numérique, encore faut-il que cet accompagnement
débouche sur un enpouvoirement (émancipation) de la personne
accompagnée. Les orateurs prennent l'exemple de quelqu'un qui
demande à ce qu'on l'aide à résoudre un problème
Windows. Lui dire sèchement « Windows,
c'est nul, il faudrait utiliser Linux »
n'aide pas la personne (surtout, évidemment, si c'est formulé de
manière méprisante). Si elle ne suit pas ce conseil, elle n'aura
pas progressé. Si elle le suit, elle risque de se retrouver fort
désarmée si un autre problème survient alors qu'elle n'a pas
forcément de compétences Linux disponibles. Les orateurs estiment
qu'il faut répondre aux demandes des utilisateurs. Cela semble de
pur bon sens mais je ne suis que partiellement d'accord avec cet
argument. En effet, il y a bien des questions inadaptées ou
fausses, qui méritent une analyse critique. Lorsqu'un
webmestre débutant demande comment
améliorer son SEO, lui donner quelques trucs
pour gagner un peu de place dans le classement de
Google ne va pas l'aider, par rapport à une
critique de sa section et du danger d'une course à l'audience
fondée sur ce qu'on croit savoir de l'algorithme de Google. (Cas
réel, où la personne m'avait reproché de ne pas l'aider.) Pour
reprendre l'exemple des orateurs, s'il est en effet préférable
d'aider l'utilisateurice Windows (j'aurais personnellement du mal,
vu mes compétences, mais je peux, comme suggéré par les orateurs,
chercher avec elle), c'est quand même une marque de respect que de
lui expliquer que certains problèmes n'ont pas de solution
satisfaisante avec Windows. Lui cacher son opinion, sous couvert
d'aide, ne serait pas honnête.