Première rédaction de cet article le 28 avril 2009
Non, ce nouveau groupe de travail de l'IETF, créé officiellement aujourd'hui, ne concerne pas le fameux langage de programmation. Il est chargé de travailler sur un nouveau protocole réseau qui, sur le long terme, permettra peut-être de résoudre le problème de passage à l'échelle du routage sur l'Internet.
Le problème auquel s'attaque le nouveau groupe de travail est un grand classique de l'Internet : comme les adresses IP servent à la fois d'identificateurs, que leurs titulaires souhaitent stables et indépendants de leur fournisseur d'accès, et de localisateurs, servant au routage entre opérateurs et devant donc être, autant que possible, agrégés pour limiter la croissance des tables BGP, personne n'est content. Ni les utilisateurs forcés de renuméroter lorsqu'ils changent de fournisseur, ni les opérateurs qui voient la table de routage par défaut, la DFZ, grossir plus vite que l'Internet. Ce problème est bien discuté dans le RFC 4984 et la solution qui a la faveur du plus grand nombre est la séparation de l'identificateur et du localisateur. L'adresse IP qui sert à tout aurait alors fait son temps.
De nombreuses propositions pour une telle séparation ont déjà été
faites et certaines sont déjà normalisées comme HIP dans le RFC 7401. Parmi les protocoles expérimentaux,
LISP (Locator/ID Separation
Protocol) est un des plus avancés et a donc gagné de haute
lutte son groupe de travail à lui. Celui-ci est donc chargé, avant fin
2010, d'écrire et de faire adopter les futurs
RFC sur LISP (actuellement en
Internet-Draft individuels), le protocole
draft-farinacci-lisp
, le système d'annuaire ALT
(mapping) qui permettra de trouver les
localisateurs pour un identificateur donné
(draft-fuller-lisp-alt
) et quelques autres. LISP
quitte donc les voies de la recherche pour passer en mode ingéniérie
même si la charte du nouveau groupe, prudente, précise bien que les
futurs RFC auront uniquement le statut « Expérimental ».
Comment fonctionne LISP ? Il appartient à la famille des protocole map-and-encap (RFC 1955). Les paquets sont tunnelés entre une minorité de routeurs, ceux qui participent à LISP (il ne sera donc pas nécessaire de mettre à jour tous les routeurs de l'Internet). En dehors des tunnels, on utilise les identificateurs (EID pour Endpoint IDentifier), à l'intérieur des tunnels, ce sont les localisateurs, les RLOC (Routing LOCator) qui sont utilisés, le routeur d'entrée du tunnel étant chargé de trouver les localisateurs (map, grâce à ALT ou à un autre système) et d'encapsuler les paqets (and encap). Les EID ne seront pas publiés via BGP, uniquement via ALT (ou un autre système de mapping). Et les RLOC seront fortement agrégés.
Contrairement à HIP, qui fonctionne entièrement dans les machines finales, ou bien à IPv6, qui nécessite la mise à jour de tous les routeurs, le déploiement effectif de LISP dépend donc seulement d'une minorité de routeurs, ceux qui seront désignés comme ITR (Ingress Tunnel Router, le point d'entrée des paquets) ou ETR (Egress Tunnel Router, le point de sortie).
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