Première rédaction de cet article le 24 janvier 2015
Quelques jours après le FIC (Forum International sur la Cybersécurité, où on avait beaucoup parlé de méchants hackers, forcément djihadistes), un article du Monde nous rappelle que les plus grandes attaques contre la sécurité de l'Internet viennent des États. L'article révèle l'existence du programme MoreCowBell (« davantage de cloche à vache ») de la NSA, programme d'espionnage du DNS. L'article du Monde est assez flou, questions détails techniques, donc voici quelques explications supplémentaires.
Vous pouvez également en trouver, et jusqu'à saturation, dans « NSA’s MORECOWBELL: Knell for DNS », écrit par les personnes qui ont préparé l'article du Monde (Grothoff est l'auteur de GNUnet, Ermert est une excellente journaliste connaissant bien l'Internet, Appelbaum travaille sur Tor). Dans cet article en anglais (il y a une traduction en français, vous aurez tous les détails sur MoreCowBell mais aussi sur les travaux de l'IETF pour améliorer le DNS, sur les systèmes alternatifs de nommage comme GNUnet, etc. Au cas où vous n'ayez pas envie de changer de page Web, voici mes informations à moi.
Pour résumer l'article du Monde, la NSA espionne le DNS de deux façons :
Comme toujours avec la NSA, rien de surprenant (seuls les naïfs seront étonnés), des techniques classiques, mais déployées à grande échelle.
Maintenant, sur quelques points obscurs de l'article du Monde :
Par-delà ces détails dans les explications, voilà pourquoi il est essentiel de travailler à améliorer la protection de la vie privée dans le DNS (il faut aussi travailler à mettre fin aux délirants pouvoirs de la NSA, une menace pour tout le monde, mais c'est une autre histoire). À l'IETF, le principal effort, dans la lignée du RFC 6973, est fait dans le groupe de travail DPRIVE. Son premier RFC sera sans doute le document de description du problème. Pour le chiffrement des requêtes DNS, afin d'assurer leur confidentialité, ma proposition préférée est T-DNS mais l'idée d'utiliser l'ALPN de TLS est également tentante. Une partie de l'effort IETF est également faite dans le groupe de travail DNSOP, où se fait l'élaboration de la proposition de minimisation des données envoyées.
Et, bien sûr, une autre solution serait d'utiliser des systèmes alternatifs au DNS, prenant mieux en compte le respect de la vie privée. Ils existent (Namecoin, Tor / dot-onion, etc) mais ils posent de redoutables problèmes.
Un autre article en français sur ce programme est dans 01 Net.
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