Première rédaction de cet article le 19 octobre 2005
Il est toujours bon de relire les textes historiques de sa discipline. On croit souvent, bien à tort, que c'est inutile en informatique, en raison de la rapidité des changements. Mais c'est oublier que l'informatique est beaucoup moins dynamique qu'elle ne le croit. Si la vitesse des processeurs et la quantité d'effets visuels que produit le moindre programme augmente chaque année, le nombre de concepts fondamentaux pour l'informaticien est beaucoup plus stable.
Parmi ces concepts, le nommage des ressources fait l'objet en 1985 d'un article important de Rob Pike and Peter J. Weinberger, The hideous name, qui est disponible en ligne.
Les auteurs couvrent notamment deux domaines où le nommage est essentiel et visible à tous : les noms de fichiers et les adresses de courrier électronique (rappelons qu'en 1985, pendant que les experts officiels en France ne connaissaient même pas encore le modèle OSI, le courrier électronique était déjà un outil de travail banal).
Pour les noms de fichier, Pike et Weinberger font l'éloge de la
syntaxe Unix,
/home/pike/papers/naming.ps
où rien dans la
syntaxe n'indique le matériel et notamment l'éventuel changement de
disque dur. Les auteurs étendent cette syntaxe au nommage des
ressources en réseau, prônant un modèle du genre
/network/gandalf/home/weinberger
dont on sait
qu'il ne s'est finalement pas imposé. En revanche, ils critiquent la
façon dont le protocole IBIS utilise un séparateur différent après le
nom de machine (le :). C'est pourtant cette syntaxe qui est utilisée
aujourd'hui, par exemple par SSH.
VMS fournit le contre-exemple parfait à Pike
et Weinberger, puisque le séparateur est différent selon qu'il sépare
des répertoires ou bien des répertoires et un fichier, par exemple
[DISK1.CS.PIKE]PAPER.PS
. Les auteurs
reconnaissent toutefois que le langage de programmation C a le même
défaut.
Pour le courrier électronique, cet article, écrit à une époque où le DNS était ultra-expérimental, n'a pas trop mal vieilli. Les auteurs font bien la différence entre nommage et résolution (la syntaxe des noms "domaine" - appelée "syntaxe ARPANET" à l'époque - était déjà répandue, même sans son mécanisme de résolution actuel, le DNS). Par contre, curieusement, ils ne semblent pas avoir prévu que cette syntaxe remplacerait toutes les autres. Difficile de prévoir, surtout le futur.
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