Première rédaction de cet article le 4 novembre 2013
Je viens de payer, puis de dépenser, mes premiers bitcoins. Cette monnaie décentralisée, qui ne dépend pas d'un État n'est pas encore très répandue mais elle suscite l'intérêt de beaucoup, notamment par sa sémantique proche de l'argent liquide : les paiements sont « anonymes », comme on pouvait le faire avec de l'argent liquide, et la sécurité est celle des données qu'on garde sur son disque dur. Si celui-ci est en panne, l'argent disparait.
Comment obtient-on des bitcoins ? Il existe plusieurs méthodes. Profitant de la réunion IETF de Vancouver, j'ai décidé de tester le Robocoin, le premier distributeur de bitcoins du monde, installé il y a quelques jours, au café Waves, à deux blocs de l'hôtel où se tient la réunion IETF, et géré par la société Bitcoiniacs. L'appareil ressemble à un DAB :
On peut s'en servir pour retirer des bitcoins (en échange d'argent liquide) ou au contraire pour vendre ses bitcoins. On peut utiliser un portefeuille bitcoin existant ou bien en créer un. N'ayant pas encore installé les logiciels nécessaires, j'ai créé un portefeuille sur le distributeur. Celui-ci imprime alors un petit papier indiquant la clé privée du compte et un code QR. Une fois qu'on a son portefeuille, on revient à la machine, on numérise le code QR et on peut alors mettre un billet (en l'occurrence, de 20 dollars, ce qui m'a fait 0,077 bitcoins) et obtenir des bitcoins, matérialisés par un autre petit papier, contenant l'adresse du compte créé précédemment (ce dernier n'est pas indispensable sauf en cas de désaccord avec la société qui gère le Robocoin). À noter qu'il existe une sécurité supplémentaire, au cas où on oublie son papier près de l'appareil : la machine a enregistré vos empreintes digitales et les redemande à chaque utilisation.
Ensuite, on prend un café pour réfléchir, en contemplant ses deux papiers. On discute avec ses voisins. L'appareil suscite beaucoup de curiosité et les autres clients du café demandent ce que vous faites et on passe donc beaucoup de temps à expliquer. Puis on rentre chez soi chercher comment on transfère cet argent sur son ordinateur. Il existe plein de logiciels client. J'ai choisi le logiciel Electrum (oui, d'accord, sécurité modérée mais c'est pour une expérimentation). Il est très simple à utiliser. Si j'avais commencé par Electrum, je créais un portefeuille et l'indiquais au Robocoin. Mais j'ai déjà créé un portefeuille que je vois rentrer dans Electrum. N'ayant pas envie de chercher un logiciel de lecture de QR code, j'ai tapé la clé privée (menu Import -> Private keys). Electrum a ensuite automatiquement reçu la transaction et, oh, joie, mes 0,077 bitcoins sont arrivés. Si on garde le papier contenant la clé privée, par exemple pour pouvoir récupérer ses sous en cas de perte des fichiers sur l'ordinateur, il faut la ranger à l'abri des regards indiscrets !
Je n'ai plus eu ensuite qu'à les dépenser en donnant à l'EFF, qui accepte les bitcoins. Il suffit de rentrer dans Electrum (bouton Send) l'adresse Bitcoin qu'indique l'EFF .
Merci à John Levine pour avoir signalé ce distributeur de bitcoins aux participants à la réunion IETF (nous avons été quelques centaines à en profiter), et à Cryptomars pour son aide technique. Au lieu d'Electrum, j'aurais pu utiliser Multibit. Parmi les bons articles sur ce distributeur, je suggère celui de Vanessa Collette. L'appareil ayant eu une période de maintenance après mon passage, cela a permis de prendre des photos de l'intérieur. Un premier bilan après une semaine indiquait 100 000 $ échangés. À noter l'amusante façon dont un escroc a détourné ce distributeur.
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