Première rédaction de cet article le 1 décembre 2006
Chaque jour, des candidats à l'immigration vers les pays riches accomplissent des exploits inouïs, surmontent des épreuves terribles, se heurtent à mille obstacles, risquent dix fois leur vie et, non seulement ils ne sont pas considérés comme des héros, mais ils sont méprisés et insultés.
Avec des voyages bien moins difficiles, Ulysse ou Xénophon sont devenus immortels. Pourtant, comme le fait remarquer Jean-François Deniau dans son excellent roman, « La mer est ronde », Ulysse a mis dix ans à faire le voyage de Troie à Ithaque, voyage qui prend dix jours à un plaisancier amateur. Et Xénophon était un mercenaire vaincu, qui a su transformer par son talent de conteur, un engagement douteux et une retraite devant l'ennemi, en un exploit inoubliable.
Pourquoi personne n'a t-il encore écrit l'Odyssée ou l'Anabase des immigrés qui tentent la traversée du Sahara, puis celle de la Méditerrannée ou de l'Atlantique ? Ce n'est pas par manque d'épreuves, de tempêtes, de méchants brutaux recontrés sur le chemin. Est-ce simplement parce que les protagonistes de ces voyages ne sont pas des Européens mâles et morts ?
[À propos de littérature, notez un excellent roman sur ce sujet, « Eldorado » de Laurent Gaudé.]
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