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Mon livre « Cyberstructure »

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Fiche de lecture : La ronde des bêtes

Auteur(s) du livre : François Jarrige
Éditeur : La Découverte
9782-348-07671
Publié en 2023
Première rédaction de cet article le 17 mai 2024


Autrefois, on utilisait des « moteurs » animaux pour les travaux pénibles, puis on est passé aux moteurs à combustion interne, qui ont pris le dessus parce que, plus récents, ils étaient forcément meilleurs. Dans ce livre, François Jarrige montre que le remplacement des animaux par les machines aux 18e et 19e siècles a été plus compliqué que cela. Le « moteur animal » avait des avantages et le processus n'a pas été simple. C'est donc aussi un livre d'histoire des techniques et de leur déploiement.

Les chiffres indiquent en effet que c'est au 19e siècle et non pas au Moyen Âge qu'il y avait le plus d'animaux au travail dans les campagnes françaises. La révolution industrielle a d'abord conduit à une augmentation du travail animal, pour suivre l'évolution de la demande. Et puis l'auteur, à travers l'analyse de nombreux documents du passé, montre que le « progrès » n'est pas unilatéral. Les machines ont des défauts : le risque d'incendie (un risque sérieux dans une ferme en bois où on stocke du foin, ou dans une usine où on produit de l'alcool), le coût, notamment en capital, la nécessité de disposer de techniciens qualifiés pour soigner ces merveilleuses machines souvent en panne. De même qu'aujourd'hui, les gens qui travaillent dans un bureau vont souvent parcourir les couloirs à la recherche du sorcier informaticien qui va pouvoir remettre en service l'ordinateur mécontent, au 19e siècle, la machine à vapeur ou, plus tard, à pétrole, rendait les paysans ou les artisans dépendants de spécialistes rares et chers (alors que tout le monde savait s'occuper des animaux). Bref, si les animaux sont restés utilisés longtemps après l'arrivée des machines, ce n'était pas par conservatisme stupide des paysans (contrairement à ce qu'écrivaient des experts urbains méprisants dans des journaux) mais c'était souvent un choix rationnel.

Au bout du compte, les animaux effectuant un travail ont peu à peu disparu. Le 19e siècle a été également marqué par une plus grande sensibilité aux souffrances des animaux (qui travaillaient dans des conditions éprouvantes, comme les humains à l'époque, d'ailleurs). Est-il légitime de faire travailler les animaux ? Les promoteurs des machines, engins chers et difficiles à vendre, ont en tout cas saisi l'occasion de devenir défenseurs de la cause animale pour promouvoir leurs produits. Et les animaux de trait n'existent plus.

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