Auteur(s) du livre : Adli Takkal Bataille, Jacques
Favier
Éditeur : CNRS Éditions
978-2-271-11554-6
Publié en 2017
Première rédaction de cet article le 11 mars 2018
Le succès du Bitcoin puis, plus récemment, celui du concept de chaîne de blocs, ont entrainé l'apparition de nombreux ouvrages sur le sujet. Ce dernier livre a un point de vue résolument « pieds dans le plat », en démolissant pas mal de vaches sacrées de la littérature économique.
Bitcoin dérange, c'est sûr, et les attaques contre lui n'ont pas manqué. Il a été accusé d'être une « monnaie virtuelle » (comme si l'euro ou le dollar avaient plus de réalité), d'être une monnaie de la délinquance (comme si la majorité des transactions illégales n'était pas en dollars), d'être une pyramide de Ponzi (sans doute l'accusation la plus ridicule)… Ce livre va donc tenter de redresser la barre, avec talent, et sans prendre de gants.
Dès la page 17, les discours des ignorants anti-Bitcoin se font étriller : « Ponzi, en matière d'argent, est un peu le point Godwin de l'invective » De nombreux autres clichés vont être remis en cause dans ce livre, qui aime les phrases-choc et, la plupart du temps, parfaitement justes.
Même quand une idée reçue est répétée en boucle par beaucoup de messieurs sérieux, les auteurs n'hésitent pas à lui tordre le cou. Ils exécutent ainsi les chaînes privées (« à permission ») p. 56, sans aucun respect pour tous les consultants qui vendent des rapports expliquant que c'est l'avenir.
Bon, la légende de la pyramide de Ponzi et les chaînes privées étaient des cibles faciles, aisées à réfuter. Mais ce livre ne recule pas non plus devant les critiques plus sérieuses, comme le problème écologique que posent les calculs (la « preuve de travail ») nécessaires pour protéger la chaîne Bitcoin. De même, les problèmes parfois « violents » agitant la « communauté » Bitcoin sont largement exposés et remis dans le contexte. On trouve par exemple une bonne analyse de la question du « pouvoir des mineurs ».
Les auteurs sont très à l'aise aussi bien avec l'informatique
qu'avec l'économie, mais dérapent parfois sur des sujets
« vendeurs » mais sur lesquels ils manquent de sens critique,
comme l'Internet des Objets ou le
vote électronique. De même, la présentation
de Namecoin est très sommaire, et comprend
d'ailleurs une erreur amusante lorsqu'ils disent que le
TLD utilisé pour les noms de domaine Namecoin est
.name
(c'est en fait .bit
).
Malgré ces défauts, c'est un livre que je recommande très fortement. Son titre à lui seul résume la bonne connaissance du Bitcoin par les auteurs : des tas d'adjectifs ont été utilisés pour le Bitcoin (« virtuel », « cryptographique », « décentralisé »…) mais je trouve qu'aucun ne résume aussi bien le Bitcoin que celui qu'ils ont choisi, « acéphale ».
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