Date de publication du RFC : Juin 2012
Auteur(s) du RFC : J. Falk (Return Path), M. Kucherawy (Cloudmark)
Chemin des normes
Réalisé dans le cadre du groupe de travail IETF marf
Première rédaction de cet article le 26 juin 2012
Le format ARF, normalisé dans le RFC 5965 permet à des acteurs de l'Internet (typiquemet des FAI et des gros hébergeurs de courrier comme Gmail) de s'envoyer des rapports structurés, produits et analysés automatiquement, au sujet des abus commis avec le courrier électronique, notamment du spam. Ce nouveau RFC du groupe de travail qui a conçu ARF expose comment et dans quelles circonstances utiliser ARF.
L'idée de base d'ARF était qu'un message serait détecté comme abusif (par exemple par l'utilisateur cliquant un bouton « C'est du spam ! ») et que cette détection déclencherait l'envoi d'un rapport ARF au responsable (qui pourra le faire suivre, si nécessaire). En comparaison avec un rapport non structuré, l'avantage d'ARF est que les messages ARF seront analysables par des programmes, pour rendre leur traitement plus efficace.
(Il existe des extensions à ARF pour des usages qui ne sont pas forcément des abus ou des erreurs d'authentification, comme l'extension du RFC 6430 mais elles sont encore peu déployées et pas étudiées ici.)
Ce RFC 6650 est largement inspiré d'un document externe à l'IETF, le RFC 6449. En quelque sorte, il en est la version officielle.
Les autres documents existants, comme la norme ARF (RFC 5965), sont purement techniques (définition d'un format) et ne répondent pas à des questions comme « à qui envoyer les rapports ? » ou « que faut-il mieux mettre dans un rapport ? », qui font l'objet de ce RFC.
D'abord, faut-il un accord explicite du destinataire avant d'envoyer les rapports ARF ? La section 3 considère qu'il y a deux cas, celui de deux acteurs décidant entre eux de se transmettre des rapports ARF, relatifs à leurs clients. C'est le cas le plus fréquent aujourd'hui. Et le second cas est celui où des rapports non sollicités sont envoyés à quelqu'un dont l'expéditeur pense qu'il est concerné. En l'absence d'un accord préalable, ces rapports ne feront pas forcément l'objet de la même attention.
La section 4 détaille le premier cas, les rapports attendus. En vrac, elle demande, entre autres :
arf-feedback@example.net
, par exemple).Original-Mail-From
,
Arrival-Date
, Source-IP
,
Original-Rcpt-To
.La section 5 s'attaque aux rapports inattendus, envoyés sans concertation préalable. Elle est bien plus longue puisqu'il s'agit d'embêter des gens qui n'ont rien demandé (dans le précédent cas, les deux parties ont pu se mettre d'accord sur tous ces points, qui doivent être explicités ici.) Les auteurs du RFC demandent, entre autres :
Feedback-TYpe:
(RFC 5965,
section 3.1), indication de toutes les informations pertinentes,
etc. Par contre, pas besoin d'hésiter avant de choisir le format ARF : les
rapports qui suivent ce format sont lisibles manuellement, même si le
destinataire n'a pas de logiciel adapté.Source-IP:
du rapport et jeter
sans autre forme de procès les rapports où ladite adresse IP source ne
fait pas partie de ses préfixes IP. Malgré cela, il y a quand même des
rapports corrects ce qui ne signifie
pas qu'ils seront lus. Le RFC discute également de la délicate
question de la réponse : faut-il signaler à l'envoyeur du rapport que
son message a été lu et qu'on a agi ? (Actuellement, même si les
rapports d'abus sont traités, l'utilisateur ne reçoit jamais de
retour.) La conclusion est que ce serait souvent une bonne idée que de
signaler à l'émetteur du rapport qu'il n'a pas travaillé pour rien.Les recommandations précédentes concernaient surtout les rapports
envoyés en réponse à un message abusif, du spam par exemple. La
section 6 couvre les rapports signalant un problème
d'authentification, avec SPF ou
DKIM. Ces rapports utiliseront le
Feedback-Type: auth-failure
(RFC 6591) et sont normalisés dans des documents comme le RFC 6652 et le RFC 6651. Les demandes pour cette section sont :
MAIL FROM
vide (plus exactement ayant la valeur <>
),Quelques pièges de sécurité peuvent attendre les utilisateurs du format ARF. La section 8 en fait le tour. D'abord et avant tout, les rapports ARF peuvent être des faux, fabriqués de A à Z (afin, par exemple, de faire accuser un innocent). La confiance qu'on leur accorde doit dépendre de l'authentification de l'émetteur et de la confiance qu'on accorde à cet émetteur. (C'est un problème ancien, voir par exemple la section 4.1 du RFC 3464.)
Le modèle originalement envisagé pour ARF était celui du rapport déclenché manuellement ; un utilisateur se plaint, il clique sur le bouton « Ceci est un spam », le message est transmis au fournisseur de messagerie qui fabrique un rapport ARF et l'envoie. Le rythme d'envoi des rapports restait donc limité. Au contraire, les évolutions récentes d'ARF, notamment pour le signalement de problèmes d'authentification, vont vers des rapports déclenchés automatiquement. Un message arrive, le test SPF échoue, paf, un rapport ARF est généré et envoyé. Cela peut mener à des rythmes d'envoi bien plus grands, qui peuvent dépasser les capacités de réception et de traitement du destinataire. C'est d'autant plus ennuyeux qu'un attaquant vicieux pourrait générer exprès des problèmes d'authentification, pour déclencher ces envois massifs. Il peut donc être raisonnable de limiter le débit d'envoi de tels rapports.
Autre façon de traiter ce problème : ne pas envoyer un rapport par
incident. Le format ARF prévoit (RFC 5965,
section 3.2) d'indiquer dans le rapport combien d'incidents similaires
il couvre (champ Incidents:
). On peut donc
choisir, par exemple, de n'envoyer qu'un rapport pour N incidents ou,
mieux de faire une décroissance exponentielle (un rapport par incident
pour les 10 premiers, un rapport par série de 10 incidents pour les
100 suivants, etc).
Version PDF de cette page (mais vous pouvez aussi imprimer depuis votre navigateur, il y a une feuille de style prévue pour cela)
Source XML de cette page (cette page est distribuée sous les termes de la licence GFDL)