Date de publication du RFC : Août 2015
Auteur(s) du RFC : M. Kucherawy
Chemin des normes
Réalisé dans le cadre du groupe de travail IETF appsawg
Première rédaction de cet article le 5 septembre 2015
Il existe désormais plusieurs techniques pour authentifier les courriers
électroniques. Certaines peuvent nécessiter des calculs un
peu compliqués et on voudrait souvent les centraliser sur une machine
de puissance raisonnable, dotée de tous les logiciels
nécessaires. Dans cette hypothèse, le MUA ne
recevra qu'une synthèse (« Ce message vient bien de
example.com
») et pourra alors prendre une
décision, basée sur cette synthèse. C'est le but de l'en-tête
Authentication-Results:
, normalisé originellement dans le RFC 5451 six ans plus tôt, auquel a succédé le RFC 7001, que ce nouveau RFC met légèrement à jour (il y a peu
de changements, le principal étant la correction de l'erreur #4201). Depuis,
notre RFC a lui-même été remplacé par le RFC 8601.
Avec des techniques d'authentification comme
DKIM (RFC 6376) ou
SPF (RFC 7208), les
calculs à faire pour déterminer si un message est authentique peuvent
être complexes (DKIM utilise la cryptographie) et nécessiter la
présence de bibliothèques non-standard. Les installer et
les maintenir à jour sur chaque machine, surtout en présence
d'éventuelles failles de sécurité qu'il faudra boucher en urgence,
peut être trop pénible pour l'administrateur système. L'idée de ce RFC
est donc de séparer l'opération en deux :
l'authentification est faite sur un serveur,
typiquement le premier MTA du site (cf. annexe
C pour une discussion de ce choix), celui-ci
ajoute au message un en-tête indiquant le résultat de ladite
authentification et le MUA (ou bien le MDA,
voir la section 1.5.3 pour un bon rappel sur ces concepts) peut ensuite, par exemple par un langage de
filtrage comme procmail ou
Sieve, agir sur la base de ce résultat.
L'idée n'est donc pas de montrer la valeur de cet en-tête à M. Michu
(voir la section 4.1 pour quelques risques que cela poserait),
mais d'en faire une donnée pour un programme. Cet
en-tête marche pour tous les protocoles d'authentification et surpasse
donc les en-têtes spécifiques comme le
Received-SPF:
de SPF (section
1 du RFC). Le filtrage des messages non
authentifiés n'est
pas obligatoire (section 1.4) : agir - ou pas - sur la base de l'en-tête
Authentication-Results:
est une décision politique locale.
J'ai utilisé le terme de « site » pour désigner un ensemble de
machines gérées par la même organisation mais le RFC a un terme plus
rigoureux, ADMD (ADministrative Management
Domain). La frontière d'un ADMD est la « frontière de confiance » (trust boundary),
définie en section 1.2. Un domaine administratif de gestion est un
groupe de machines entre lesquelles il existe une relation de
confiance, notamment du fait que, à l'intérieur de l'ADMD, l'en-tête
Authentication-Results:
ne sera pas modifié ou
ajouté à tort (section 1.6 : l'en-tête n'est pas protégé, notamment il
n'est pas signé). Il existe de nombreuses variantes organisationnelles
du concept d'ADMD. Un ADMD inclus typiquement une organisation (ou un
département de celle-ci) et d'éventuels sous-traitants. Il a un nom,
l'authserv-id
, défini en section 2.2.
L'en-tête Authentication-Results:
lui-même est formellement défini en section 2. Il
appartient à la catégorie des en-têtes de « trace » (RFC 5322, section 3.6.7 et RFC 5321, section 4.4) comme
Received:
qui doivent être ajoutés en haut des
en-têtes et jamais modifiés. La syntaxe de Authentication-Results:
est en section
2.2. L'en-tête est composé du authserv-id
, le nom
de l'ADMD et d'une série de doublets (méthode, résultat), chacun
indiquant une méthode d'authentification et le résultat
obtenu. L'annexe B fournit une série d'exemples. Elle commence (annexe
B.1) par un message sans Authentication-Results:
(eh oui, il n'est pas obligatoire). Puis
(tiré de l'annexe B.3), une authentification SPF réussie, au
sein de l'ADMD example.com
, donnera :
Authentication-Results: example.com; spf=pass smtp.mailfrom=example.net Received: from dialup-1-2-3-4.example.net (dialup-1-2-3-4.example.net [192.0.2.200]) by mail-router.example.com (8.11.6/8.11.6) with ESMTP id g1G0r1kA003489; Wed, Mar 14 2009 17:19:07 -0800 From: sender@example.net Date: Wed, Mar 14 2009 16:54:30 -0800 To: receiver@example.com
Rappelez-vous qu'il peut y avoir plusieurs authentifications. Voici un cas (annexe B.4) avec SPF et l'authentification SMTP du RFC 4954 :
Authentication-Results: example.com; auth=pass (cram-md5) smtp.auth=sender@example.net; spf=pass smtp.mailfrom=example.net Received: from dialup-1-2-3-4.example.net (8.11.6/8.11.6) (dialup-1-2-3-4.example.net [192.0.2.200]) by mail-router.example.com (8.11.6/8.11.6) with ESMTP id g1G0r1kA003489; Fri, Feb 15 2002 17:19:07 -0800 Date: Fri, Feb 15 2002 16:54:30 -0800 To: receiver@example.com From: sender@example.net
L'une des authentifications peut réussir et l'autre échouer. Un
exemple (annexe B.6) avec deux signatures DKIM, une bonne et une qui
était correcte au départ (regardez le premier Authentication-Results:
) mais plus à
l'arrivée, peut-être parce qu'un gestionnaire de liste de diffusion a
modifié le message :
Authentication-Results: example.com; dkim=pass reason="good signature" header.i=@mail-router.example.net; dkim=fail reason="bad signature" header.i=@newyork.example.com Received: from mail-router.example.net (mail-router.example.net [192.0.2.250]) by chicago.example.com (8.11.6/8.11.6) for <recipient@chicago.example.com> with ESMTP id i7PK0sH7021929; Fri, Feb 15 2002 17:19:22 -0800 DKIM-Signature: v=1; a=rsa-sha256; s=furble; d=mail-router.example.net; t=1188964198; c=relaxed/simple; h=From:Date:To:Message-Id:Subject:Authentication-Results; bh=ftA9J6GtX8OpwUECzHnCkRzKw1uk6FNiLfJl5Nmv49E=; b=oINEO8hgn/gnunsg ... 9n9ODSNFSDij3= Authentication-Results: example.net; dkim=pass (good signature) header.i=@newyork.example.com Received: from smtp.newyork.example.com (smtp.newyork.example.com [192.0.2.220]) by mail-router.example.net (8.11.6/8.11.6) with ESMTP id g1G0r1kA003489; Fri, Feb 15 2002 17:19:07 -0800 DKIM-Signature: v=1; a=rsa-sha256; s=gatsby; d=newyork.example.com; t=1188964191; c=simple/simple; h=From:Date:To:Message-Id:Subject; bh=sEu28nfs9fuZGD/pSr7ANysbY3jtdaQ3Xv9xPQtS0m7=; b=EToRSuvUfQVP3Bkz ... rTB0t0gYnBVCM= From: sender@newyork.example.com Date: Fri, Feb 15 2002 16:54:30 -0800 To: meetings@example.net
La liste complète des méthodes figure dans un registre IANA (section 6). De nouvelles méthodes peuvent être enregistrées en utilisant la procédure « Examen par un expert » du RFC 5226.
La section 2.3 détaille l'authserv-id
. C'est
un texte qui identifie le domaine, l'ADMD. Il doit donc être unique
dans tout l'Internet. En général, c'est un
nom de domaine comme
laposte.net
. (Il est possible d'être plus
spécifique et d'indiquer le nom d'une machine particulière mais cette
même section du RFC explique pourquoi c'est en général une mauvaise
idée : comme les MUA du domaine n'agissent que sur les Authentication-Results:
dont ils
reconnaissent l'authserv-id
, avoir un tel
identificateur qui soit lié au nom d'une machine, et qui change donc
trop souvent, complique l'administration système.)
La section 2.7 explique les résultats possibles pour les méthodes
d'authentification (en rappelant que la liste à jour des méthodes et
des résultats est dans le registre IANA). Ainsi, DKIM (section 2.7.1)
permet des résultats comme pass
(authentification
réussie) ou temperror
(erreur temporaire au cours
de l'authentification, par exemple liée au DNS). Des résultats similaires sont possibles
pour SPF (section 2.7.3).
Notons la normalisation d'une méthode traditionnelle
d'authentification faible, le test DNS du chemin « adresse IP du
serveur -> nom » et retour. Baptisée iprev
, cette
méthode, bien que bâtie sur la pure superstition (cf. section 7.11) est utilisée
couramment. Très injuste (car les arbres des résolutions inverses du DNS,
in-addr.arpa
et ip6.arpa
,
ne sont pas sous le contrôle du domaine qui envoie le courrier), cette
méthode discrimine les petits FAI, ce qui est sans doute un avantage
pour les gros, comme AOL qui
l'utilisent. Attention aux implémenteurs : aussi bien la résolution
inverse d'adresse IP en nom que la résolution droite de nom en adresse
IP peuvent renvoyer plusieurs résultats et il faut donc comparer des
ensembles. (Cette méthode qui, contrairement aux autres, n'avait
jamais été exposée dans un RFC avant le RFC 5451, est décrite en détail dans la section
3, avec ses sérieuses limites.)
Autre méthode mentionnée, auth
(section
2.7.4) qui repose sur l'authentification SMTP
du RFC 4954. Si un MTA (ou plutôt MSA) a
authentifié un utilisateur, il peut le noter ici.
Une fois le code d'authentification exécuté, où mettre le Authentication-Results:
?
La section 4 fournit tous les détails, indiquant notamment que le MTA
doit placer l'en-tête en haut du message, ce qui facilite le repérage
des Authentication-Results:
à qui on peut faire confiance (en examinant les en-têtes
Received:
; en l'absence de signature, un Authentication-Results:
très ancien, situé au début du trajet, donc en bas des en-têtes, ne
signifie pas grand'chose). On se fie a priori aux en-têtes mis par les
MTA de l'ADMD, du domaine de confiance. L'ordre est donc
important. (La section 7 revient en détail sur les en-têtes Authentication-Results:
usurpés.)
Ce n'est pas tout de mettre un Authentication-Results:
, encore faut-il l'utiliser. La
section 4.1 s'attaque à ce problème. Principe essentiel pour le MUA :
ne pas agir sur la base d'un Authentication-Results:
, même si ce n'est que pour
l'afficher, sans l'avoir validé un minimum. Comme le Authentication-Results:
n'est pas
signé, n'importe qui a pu en insérer un sur le trajet. Le RFC précise
donc que les MUA doivent, par défaut, ne rien faire. Et qu'ils doivent ne
regarder les Authentication-Results:
qu'après que cela ait été activé par
l'administrateur de la machine, qui indiquera quel
authserv-id
est acceptable.
Naturellement, le MTA d'entrée du domaine devrait supprimer les
Authentication-Results:
portant son propre authserv-id
qu'il trouve
dans les messages entrants : ils sont forcément frauduleux (section
5). (Le RFC accepte aussi une solution plus simpliste, qui est de
supprimer tous les Authentication-Results:
des messages entrants, quel que soit leur
authserv-id
.)
Arrivé à ce stade de cet article, le lecteur doit normalement se
poser bien des questions sur la valeur du Authentication-Results:
. Quel poids lui
accorder alors que n'importe quel méchant sur le trajet a pu ajouter
des Authentication-Results:
bidons ? La section 7, consacrée à l'analyse générale de la
sécurité, répond à ces inquiétudes. 7.1 détaille le cas des en-têtes
usurpés. Les principales lignes de défense ici sont le fait que le MUA
ne doit faire confiance aux Authentication-Results:
que s'ils portent le
authserv-id
de son ADMD et
le fait que le MTA entrant doit filtrer les Authentication-Results:
avec son
authserv-id
. Comme l'intérieur de l'ADMD, par
définition, est sûr, cela garantit en théorie contre les Authentication-Results:
usurpés. Le RFC liste néanmoins d'autres méthodes possibles comme le
fait de ne faire confiance qu'au premier Authentication-Results:
(le plus récent), si on sait que le MTA en ajoute systématiquement un
(les éventuels Authentication-Results:
usurpés apparaîtront après ; mais certains
serveurs les réordonnent, cf. section 7.3). Pour l'instant, il n'y a
pas de méthode unique et universelle de vérification du Authentication-Results:
, le RFC
propose des pistes mais ne tranche pas.
Comme toujours en sécurité, il faut bien faire la différence entre
authentification et
autorisation. Un spammeur a
pu insérer un Authentication-Results:
légitime pour son
authserv-id
. Même authentifié, il ne doit pas
être considéré comme une autorisation (section 7.2).
Plusieurs mises en œuvre de ce système existent déjà comme
dans MDaemon, sendmail
(via sid-milter),
Courier, OpenDKIM,
etc. Si on veut analyser les en-têtes Authentication-Results:
en
Python, on a le module authres.
Parmi les grosses usines à courrier centralisées,
Gmail met
systématiquement cet en-tête, par exemple :
Authentication-Results: mx.google.com; spf=pass \ (google.com: domain of stephane@sources.org designates 217.70.190.232 \ as permitted sender) smtp.mail=stephane@sources.org
Outre Gmail, à la date de publication du RFC, Yahoo et Hotmail ajoutaient cet en-tête.
Les changements depuis le RFC 7001 sont peu
nombreux (annexe D pour une liste complète). Le RFC 7410, qui créait le registre
des types d'information possibles sur l'authentification a
été intégré et est donc remplacé par notre nouveau RFC.
Autrement, l'un des principaux changements
concerne la bogue #4201.
Le texte du précédent RFC disait que la source de l'authentification
devait être un en-tête du message alors que cela peut être un champ particulier d'un en-tête (le cas
du champ i
dans les signatures DKIM d'exemple
dans cet article, cf. 2.3 et 2.7.1). Autrement, les changements par
rapport au RFC 7001 sont surtout des détails et
les mises en œuvre actuelles devraient continuer sans trop
d'histoires. Je rappelle que ce RFC 7601 n'est plus
d'actualité, ayant été remplacé par le RFC 8601.
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