Date de publication du RFC : Septembre 2004
Auteur(s) du RFC : C. Huitema (Microsoft), B. Carpenter (IBM)
Chemin des normes
Première rédaction de cet article le 14 octobre 2008
L'IETF n'a jamais apprécié les
identificateurs à portée purement locale, comme le
TLD .local
ou comme les adresses IP
privées du RFC 1918. Ces identificateurs locaux,
dont la signification est spécifique à un site donné, soulèvent
plusieurs problèmes, par exemple une question pratique : que faire si
deux organisations fusionnent et qu'elles utilisent toutes les deux de
tels identificateurs, qui sont en collision ?
Les RFC successifs sur l'adressage IPv6
prévoyaient des identificateurs « site-local », spécifiques à
un site, dans le préfixe FEC0::/10
(RFC 3513, section 2.5.6, ce RFC ayant depuis été remplacé par le
RFC 4291). Toute organisation
pouvait piocher librement dans ces adresses, tout en faisant attention
à ne pas les laisser sortir de son site. Cela a permis à beaucoup
d'organisations de commencer à expérimenter avec IPv6.
Mais ces identificateurs posaient des problèmes, en général communs avec tous les problèmes des identificateurs locaux. La section 2 du RFC les détaille :
Received:
du courrier électronique ou via des requêtes DNS comme celles qu'absorbe l'AS112). Comme elles perdent toute signification en
dehors du site d'origine, cela sème la confusion (section 2.3).Du point de vue pratique, pour l'opérateur d'un réseau, ces inconvénients pouvaient sembler légers et, de toute façon, un mécanisme de remplacement était nécessaire. C'est au développement de ce mécanisme que s'attaque la section 3 qui réclame un mécanisme alternatif assurant l'unicité des adresses « locales ». Cela ne supprimera pas, par exemple, les fuites, mais cela les rendra plus facile à déboguer. Ce mécanisme, les ULA (Unique Local Addresses) a finalement été créé par le RFC 4193.
Un détail important : la section 5, consacrée à la sécurité, rappelle que, contrairement à ce que croient beaucoup d'administrateurs réseaux débutants, le fait d'avoir des adresses privées n'offre à peu près aucune protection (par exemple parce que des techniques comme le changement DNS permettent d'attaquer de l'intérieur). La bonne technique est l'emploi de filtres et elle s'applique aux adresses privées comme aux publiques.
Il ne faut cependant pas considérer que les identificateurs locaux
sont systématiquement une mauvaise idée. Ils sont nécessaires lorsque
l'obtention d'identificateurs globaux, valables partout, est difficile
ou coûteuse. C'est le cas des adresses IPv4
privées du RFC 1918 : vue la pénurie d'adresses
IPv4 et les obstacles financiers et bureaucratiques à franchir pour en
obtenir, il est logique d'utiliser ces adresses privées. C'était
également le cas à l'époque pour les adresses IPv6 privées. Pendant
longtemps, il était complètement impossible d'en obtenir (par
diplomatie, pour éviter de vexer les RIR, le RFC 3879 évite de
rappeler cet épisode). Il est donc déplorable que ce RFC aie été publié
avant que son successeur, le RFC 4193, soit
prêt. Désormais, les ULA de ce RFC fournissent
une meilleure solution, qui évite notamment les collisions entre deux
sites qui fusionneraient. On peut donc enterrer
FEC0::/10
sans remords.
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